Lors de la première phase de cette consultation, de nombreux acteurs associatifs, juridiques et citoyens ont souligné que la PPVE choisie par les préfets ne présentait pas les garanties équivalentes à une enquête publique classique, telle que prévue à l'article L181-10-1 du Code de l'environnement. Une enquête publique aurait en effet impliqué la désignation de commissaires enquêteurs indépendants, une durée d'instruction d'au moins trois mois et un délai suffisant pour la compilation et l'analyse des avis. En choisissant une PPVE limitée à 30 jours, sans instance indépendante de contrôle, l'État rend possible la signature d'une autorisation dès le 1er décembre 2025, soit quatre jours après la clôture de la consultation, et donc le démarrage effectif des travaux de la LGV en plein hiver.
Cette situation est d'autant plus préoccupante que la demande d'autorisation vise des travaux présentés comme "préparatoires" - sondages géotechniques et diagnostics archéologiques - mais qui impliquent en réalité le défrichement de plus de 1 000 hectares de forêts, prairies, zones humides et haies bocagères. Ces opérations auraient pour effet de libérer le tracé de la future ligne et de préparer la plateforme des engins dès cet hiver 2025-2026, sans attendre la fin des procédures contentieuses encore en cours.
Les irrégularités dénoncées concernent aussi la forme de la consultation :
- un accès inégal à l'information avec des affichages publics incomplets ou placés dans des lieux peu accessibles ;
- une fracture numérique évidente dans les territoires ruraux, rendant la plateforme difficile d'accès ;
- un dossier de plus de 35 000 pages, volumineux, fragmenté et dépourvu de cartes synthétiques ou de calendrier clair ;
- l'absence de version papier dans les mairies hors préfectures, excluant de fait une partie du public ;
- l'exclusion de plusieurs territoires pourtant concernés, notamment les habitants des Landes et les contribuables du financement TSE.
Ces éléments ont conduit à considérer que la PPVE ne répond pas pleinement aux exigences de la Convention d'Aarhus, qui garantit le droit à l'information, à la participation et à la justice en matière d'environnement. En pratique, elle prive les citoyens d'un temps suffisant et de moyens équitables pour examiner et contester un projet dont les conséquences sont majeures pour les écosystèmes, l'agriculture, le climat et la santé publique. Le présent document s'inscrit dans la continuité de cette première phase de contestation. Il vise à accompagner le public dans la deuxième étape de la consultation, en lui fournissant une grille de lecture claire, argumentée et juridiquement fondée pour formuler des avis contradictoires et opposables sur le fond du dossier.
Chaque section aborde un enjeu environnemental ou sociétal essentiel - eau, sols, biodiversité, santé, gouvernance - en expliquant les risques, les manques du dossier et les questions clés à soulever. L'objectif n'est pas seulement de dénoncer une procédure irrégulière, mais aussi de redonner au débat public sa vraie dimension démocratique : celle d'une décision collective, fondée sur la connaissance, la transparence et la responsabilité envers les générations futures.