Section 13 - Les effets hydromorphologiques et la gestion des eaux pluviales

Introduction

L'eau est l'un des éléments les plus sensibles et les plus impactés par les grands chantiers d'infrastructure. Les modifications qu'un projet peut entraîner sur les écoulements, les nappes souterraines et les zones humides ont des conséquences durables, souvent irréversibles, sur les écosystèmes et sur la sécurité des populations. Les effets hydromorphologiques désignent l'ensemble des transformations physiques du réseau hydrographique : modification des lits mineurs et majeurs, accélération ou ralentissement des écoulements, érosion des berges, colmatage des fonds, ou encore perturbation du régime naturel des crues et des inondations.

Dans le cas de la ligne nouvelle Bordeaux - Toulouse, ces effets sont particulièrement préoccupants car le tracé traverse de nombreux cours d'eau, ruisseaux et vallées humides. Les travaux préparatoires, les remblais, les franchissements et la création de pistes d'accès peuvent modifier profondément la dynamique des eaux superficielles et souterraines. De tels changements risquent d'altérer la capacité d'infiltration naturelle des sols, d'assécher certaines zones humides, d'accroître le ruissellement en période de pluie et de provoquer des inondations localisées.

La gestion des eaux pluviales issues des chantiers et des futures infrastructures constitue un autre enjeu majeur. Ces eaux, chargées en sédiments, hydrocarbures ou métaux, peuvent polluer les milieux aquatiques si elles ne sont pas correctement collectées et traitées avant rejet. Leur gestion doit donc être intégrée dès la phase de conception du projet, selon des standards techniques et réglementaires précis.

Cette section a pour objectif d'expliquer les mécanismes hydrologiques susceptibles d'être perturbés, d'aider le public à repérer les lacunes du dossier en matière de prévention et de gestion de l'eau, et de rappeler les obligations légales de non-dégradation des masses d'eau imposées par la Directive-cadre européenne sur l'eau. Elle permet de questionner la cohérence du projet avec les objectifs de bon état écologique et de protection durable des ressources hydriques.

Les travaux de terrassement et les pistes d'accès modifient la topographie et le ruissellement naturel. Le dossier ne comporte pas de modélisation hydrologique détaillée des écoulements de surface ni d'évaluation des risques d'érosion et d'inondation.

En l'absence d'analyse hydrologique complète, le dossier ne permet pas de garantir la stabilité des milieux aquatiques ni le respect des objectifs de la Directive-cadre sur l'eau. Avis défavorable.

Les ouvrages prévus pour traverser les ruisseaux et vallées peuvent modifier la dynamique fluviale et interrompre les continuités écologiques. Le dossier ne décrit pas les caractéristiques techniques des franchissements ni leur adaptation à la faune aquatique.

Sans garantie de maintien de la continuité écologique et hydraulique, les franchissements de cours d'eau ne sont pas conformes aux exigences du Code de l'environnement. Avis défavorable.

Les zones humides dépendent d'un équilibre hydrique fragile. Les travaux à proximité risquent d'altérer leur alimentation en eau, entraînant leur assèchement partiel ou leur dégradation. Le dossier ne propose pas de mesures de protection hydrologique spécifiques.

Si les zones humides sont exposées à des modifications du régime hydrologique sans dispositif de protection, le projet méconnaît le principe de non-dégradation du bon état des masses d'eau. Avis défavorable.

Les chantiers produisent des eaux pluviales chargées en sédiments et hydrocarbures. Le dossier mentionne des mesures de traitement sans en préciser les modalités techniques, les sites de rejet ni les seuils de qualité exigés.

Sans plan de gestion détaillé des eaux pluviales de chantier, le projet ne garantit pas la prévention des pollutions et ne satisfait pas aux obligations de maîtrise des rejets. Avis défavorable.

L'imperméabilisation des sols et la modification du ruissellement peuvent accroître les risques d'inondation pour les zones situées en aval. Le dossier ne présente pas de simulation hydrologique permettant d'évaluer ces effets.

Sans évaluation du risque d'aggravation des inondations, le projet ne respecte pas les exigences des Plans de gestion des risques d'inondation (PGRI) et des Schémas directeurs d'aménagement et de gestion des eaux (SDAGE). Avis défavorable.

Les effets hydromorphologiques peuvent apparaître progressivement après la fin des travaux. Le dossier ne mentionne pas de suivi des niveaux d'eau, de la turbidité ou de l'évolution morphologique des ruisseaux.

En l'absence de suivi post-travaux, l'administration ne pourra pas vérifier la conformité des mesures hydrologiques ni corriger les dérives constatées. Avis défavorable.

Une fois la ligne mise en service, les surfaces imperméabilisées continueront à générer du ruissellement. Le dossier ne précise pas les dispositifs d'évacuation, de filtration ou d'infiltration à long terme.

Sans dispositif pérenne de gestion des eaux de ruissellement, la durabilité environnementale du projet n'est pas assurée et le risque de dégradation progressive des milieux aquatiques demeure. Avis défavorable.

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